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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 20:53

Le Congrès va traiter l'initiative populaire visant à régulariser un demi-million de migrants

L'extrême droite se retrouve seule après que Junts et le PP ont annoncé leur soutien à l'ILP.

L’Espagne va-t-elle régulariser 500 000 migrants ?

Le Congrès des députés prendra en considération l'Initiative Législative Populaire (ILP) pour la régularisation de 500 000 migrants. Les procédures parlementaires pertinentes commenceront ainsi pour qu'en cas d'accord entre les différents groupes, celle-ci soit définitivement approuvée. L'initiative va désormais passer par la Commission, grâce au vote favorable du Parti socialiste, de Sumar, de l'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), d'EH Bildu, du Parti nationaliste basque (PNV), de Podemos et du Bloc nationaliste galicien (BNG). À eux s'ajoutent les sept sièges Junts, nécessaires pour que leur prise en considération ne dépende pas du Parti Populaire, qui dans la matinée de ce mardi n'a pas fini de dissiper le doute.

Le président du PP, Alberto Núñez Feijóo, a déclaré: « Nous sommes sensibles à ceux qui travaillent en Espagne et n'ont pas de papiers ». Autrement dit, Feijóo a donné des indices selon lesquels ils faciliteraient l'examen de l'ILP, ce que la porte-parole du PP, Sofía Acedo, a confirmé au Congrès, en déclarant qu’ils ne sont pas « insensibles » aux problèmes des étrangers qui résident et travaillent en Espagne.

Josep Maria Cervera Pinart, porte-parole de Junts, a annoncé lors de la séance plénière du Congrès son vote favorable "sans entrer dans le fond de l'initiative, par respect pour les 600 000 personnes qui l'ont soutenue".

L’Espagne va-t-elle régulariser 500 000 migrants ?

La proposition a été lancée en décembre 2022 via une initiative législative populaire (ILP). Ce mécanisme démocratique garanti par la Constitution espagnole permet aux citoyens de proposer des mesures législatives aux députés, via la diffusion de pétitions : au moins 500 000 signatures citoyennes sont nécessaires pour qu’une proposition de loi soit proposée à la discussion du Parlement.

Pour les défenseurs du projet, le texte vient combler une défaillance administrative qui empêche les étrangers d’accéder à des droits fondamentaux et de bénéficier des services publics. "Imaginez ce que c'est de travailler sans aucune garantie sur votre salaire, ou sur une potentielle indemnisation en cas de licenciement et sans possibilité de cotiser. Sans rien", a déclaré à la radio Cope le coordinateur de l’ILP, Jorge Serrano.

"Nous faisons partie de la société et nous effectuons des travaux essentiels, mais nous ne pouvons pas louer d'appartement, signer un contrat ou avoir une carte de santé", affirme le groupe de migrants faisant partie de l’ILP. On nous dit que nous sommes essentiels, mais il nous manque les droits les plus élémentaires".

Le groupe rappelle aussi l’implication des migrants en situation irrégulière durant la pandémie de Covid-19, dans des secteurs essentiels comme les soins de santé, la livraison à domicile ou la collecte de fruits et légumes. "Notre société a une dette de gratitude envers l’un de ses groupes les plus vulnérables".

L’Espagne va-t-elle régulariser 500 000 migrants ?

Cependant cette prise en compte ne signifie pas l’adoption pure et simple du texte porté par des dizaines d’associations et signé par près de 700 000 personnes, mais le lancement d’un processus parlementaire au Congrès et au Sénat.

La déclaration du porte-parole du PSOE est claire à ce sujet : "Les socialistes vont voter cet après-midi en faveur de la prise en compte de l'ILP sur la réglementation des immigrés et plus tard, au cours du processus parlementaire, nous modifierons la proposition", a annoncé le porte-parole socialiste, Patxi López, lors d'une conférence de presse. avant la séance plénière : « La première chose est d'en tenir compte, car nous n'allons en aucun cas ignorer la volonté de près de 700 000 citoyens espagnols qui se sont mobilisés, qui ont manifesté pour cette question. Et la deuxième chose, ce sont les amendements, car nous voulons affronter ce phénomène d’immigration de manière intelligente et raisonnable.» 

López a ajouté : « Il ne s’agit ni d’un bar ouvert ni de fermeture des frontières. Il s’agit de savoir qu’un pays comme le nôtre a besoin et aura besoin de plusieurs milliers d’immigrés, ne serait-ce que pour pouvoir maintenir son propre tissu social, mais cela doit être fait de manière raisonnable et intelligente

L’Espagne va-t-elle régulariser 500 000 migrants ?

Ce mardi donc le processus est lancé pour voter sur la question de savoir si la mesure peut continuer à avancer et devenir une réalité et rejoindre les six régularisations extraordinaires  de migrants réalisées en Espagne. 

Le dernier processus massif de régularisation a été mené par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, il y a près de 20 ans, en 2005, et plus d'un demi-million de migrants ont obtenu des papiers.

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27 juin 2015 6 27 /06 /juin /2015 21:45
Pour Pedre Zerolo, voir plus bas.

Pour Pedre Zerolo, voir plus bas.

Eh oui ! Malgré l’emprise d’une église catholique non défranquisée, Zapatero – un affreux social-traître – avait fait voter, huit ans avant la France, dix ans avant que la cour suprême ne l’entérine, le mariage pour tous !

Mariage pour tous : l’Espagne a 8 ans d’avance !

Il faudrait le signaler à la chaisière Christine Boutin qui parle de ‘suivisme’ avec les Etats-Unis : la loi qu’elle combat en France a deux ans d’avance sur la décision de la Cour suprême états-unienne.

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Le bilan espagnol après dix ans démontre, si besoin en était, que les prophéties catastrophistes sur la fin de la famille à la mode papa-maman-la-bonne-et-moi (bon d’accord, pour la bonne c’est plus rare) étaient du pipeau.

A peine 2% de mariages homosexuels. Donc encore 98% de mariages hétérosexuels. De quoi rassurer, Mmes Bourge et de la Rochère. Et ne parlons pas de l’oubliée Frigide Barjot.

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Le taux de divorce reste faible, mais il manque la comparaison avec les mariages hétérosexuels sur le même laps de temps.

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Les homosexuels ont nettement plus convolé que les homosexuelles ; difficile d’en tirer des conclusions.

 

Sauf une conclusion générale sur l'avancée de l'état de droit que représente le mariage pour tous. Ce que signifie clairement la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, s'appuyant sur le XIVe amendement : « Toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, et soumise à leur juridiction, est citoyen des États-Unis et de l'État dans lequel elle réside. Aucun État ne fera ou n'appliquera de lois qui restreindraient les privilèges ou les immunités des citoyens des États-Unis ; ne privera une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ; ni ne refusera à quiconque relève de sa juridiction l'égale protection des lois»

 

Et répétons-le encore et encore : ouvrir le droit au mariage à tous ne prive personne de ce droit ni n'oblige quiconque d'en user.

  Pedro Zerolo, militant LGTB (Lesbianas, Gays, Transexuales y Bisexuales) et PSOE fut l’un des principaux promoteurs de la Loi du mariage pour tous votée le 3 juillet 2005. Il est mort le 9 juin 2015, âgé d’à peine 55 ans, d’un cancer du pancréas.

 

Source des graphiques : El pais

Voir aussi le dossier d'El Pais : 10 años de la ley del matrimonio homosexual

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 20:21
Adaptation d'un montage espagnol

Adaptation d'un montage espagnol

La droite espagnole, encombrée dans des scandales, malgré une opinion largement défavorable, veut revenir 30 ans en arrière sur le droit à l’IVG. Sous la pression de prélats intégristes et de l’opus Dei. Mais sommes-nous tout-à-fait à l’abri d’une telle régression.

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le national-catholicisme, animé par une église espagnole nostalgique du franquisme, lutte contre l’IVG. Manifestation (du même style que celles que nous avons connues avec le « mariage pour tous ») et opérations commandos contre la loi promue par le gouvernement Zapatero en 2010, étaient orchestrées par les prélats. Cette loi permettait aux Espagnoles d’avoir recours à l’IVG durant les quatorze premières semaines de grossesse. Les mineures de 16 à 18 ans pouvaient également choisir l’IVG sans autorisation parentale.

Cette loi remplaçait celle de 1985 qui n'autorisait l'avortement qu'en cas de viol (jusqu'à 12 semaines de grossesse), de malformations du fœtus (22 semaines) ou de «danger pour la santé physique ou psychique de la mère» (sans limitation de temps). Loi restrictive certes, mais elle mettait fin à l’interdiction absolue de l’époque franquiste qui se traduisait par des avortements clandestins pour les plus pauvres et à l’étranger pour les plus riches ! Situation sur laquelle se greffait le scandale des enfants volés – sorte de GPA forcées -  sous la houlette de l’église espagnole au départ, puis de certains de ses membres ensuite.

 

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

"L'avortement est pire que les abus sexuels sur mineurs dans les écoles catholiques" cardinal Cañizares

La réforme se traduirait par un recul en deçà de la loi de 1985 puisque le projet de loi interdit l'accès à l'avortement aux femmes en Espagne, sauf en cas de viol ayant fait l'objet d'une plainte et de danger physique ou psychique pour la femme. La malformation du fœtus n’est même pas considérée comme donnant accès à une IVG. Alberto Ruiz-Gallardón, ministre de la Justice, promoteur de cette régression, a, de son propre aveu, repris le combat mené par son père José María Ruiz-Gallardón contre la loi de 1985. Il a bien sûr la bénédiction de la hiérarchie catholique, et notamment du cardinal Cañizares.

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG
Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Mais il est surtout considéré comme l’homme lige de Rouco Varela, archevêque de Madrid, à qui, comme maire, il avait mis la ville à sa disposition pour organiser les JMJ. En avril 2012 Rouco, qui présidait la conférence épiscopale, avait dénoncé les techniques de diagnostic prénatal qui mettaient en danger les droits naturels des non-nés avec des handicaps physiques ou psychiques (los derechos naturales de los no nacidos con discapacidades físicas o psíquicas).

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

L’archevêque de Grenade, Javier Martínez,  pulvérise le fameux point Godwinn en comparant la loi sur l’IVG de 2010 avec le régime de Hitler, en allant jusqu’à dire que les crimes nazis n’étaient pas aussi répugnants que ceux que permettait de commettre ladite loi. Et il ajoutait que la femme qui avorte tue un enfant sans défense et pour cela donne aux mâles le droit absolu, sans limite d’abuser de son corps ! (Matar a un niño indefenso, (…) da a los varones la licencia absoluta, sin límites, de abusar del cuerpo de la mujer).

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Alberto Ruiz-Gallardón enceint des oeuvres de Rouco Varela, archevêque de Madrid et du Saint-Esprit a son billet pour se faire avorter à Londres

Et c’est au nom des droits de la femme que Ruiz-Gallardon veut faire régresser la loi espagnole au niveau de celle de l’Irlande ou de la Pologne. Car une femme ne peut être pleinement femme que par la maternité. “La maternidad libre hace a las mujeres auténticamente mujeres”. « Ni un cri ni une insulte ne feront que ce ministre abdique de son engagement à réguler les droits des femmes et du conçu! » a-t-il lancé, car il parle de lui à la troisième personne. « Les progressistes défendaient lesclave face à lesclavagiste, la femme, l’opprimé, mais ce courant s’est arrêté le jour où le plus fragile a été le non-né ».

 

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Sophisme moqué par ce touitte. Un embryon est destiné à devenir une personne, comme moi à être un cadavre. Pour autant ce n’est pas encore un enfant, ni moi un mort ! Faut-il ajouter que s’il y a pour chacune et chacun d'entre nous la certitude absolue de mourir, l’embryon, en dehors de toute IVG, n’a que 4 chances sur 5 de devenir bébé : la nature est donc la plus grande avorteuse n’en déplaise à l’archevêque de Grenade. Mais c’est le même sophisme qu’agitent nos intégristes, de ce côté des Pyrénées, pour combattre aussi l’IVG ou pour tenter de bloquer les recherches sur les cellules souches.

 

    Et c’est le même obscurantisme qui cherche à faire passer un droit pour un délit. «Pour simplifier, avec la loi en vigueur de 2010, aucune femme n’était obligée d’avorter ; avec celle-ci, beaucoup se verront contraintes d’enfanter. Il y a là une confusion totale entre morale publique et privée, l’Etat s’arroge la prérogative de décider à la place des femmes. Ce virage radical est discriminatoire contre elles.» dénonce le mouvement Decidir nos hace libres («décider nous rend libres») Libération 23/12/14. Car, répétons-le, comme pour le divorce, la contraception, le mariage pour tous, il n’y a aucune obligation à avoir recours à l’IVG. A l’inverse les cagots veulent imposer leur conception doctrinale. Ce qu’explicite bien Rouco Varela, numéro 1 de l’épiscopat, pour qui «l’embryon a le droit absolu à la vie, cela est en accord avec notre conception de la création divine».

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Si Ruiz-Gallardon fait passer sa loi «Les femmes riches iront se faire avorter dans d’autres pays de l’UE, comme c’était le cas dans les années 80 et 90 ; pendant ce temps, les femmes les plus modestes n’auront d’autre choix que de fréquenter des cliniques clandestines, hors de la légalité, et dans l’opprobre publique » (Isabel Serra Fuster, gynécologue, citée par Libération)

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

- Mon père, je suis enceinte, mais je vais avorter.

- C'est un péché ! Vous savez qui est le père ?

- Vous !

- Dans ce cas, nous ferons une exception.

Certes, plus d’un siècle après la loi de 1905, la France semble être à l’abri d’une emprise cléricale. Quoique… la tentation d’imposer leur conception doctrinale ne fait pas qu’effleurer nos prélats. On l’a vu sur le mariage pour tous, on le voit encore sur les attaques contre la prétendue théorie du genre. Et sur l’IVG, il n’y a pas que les disciples du Professeur Lejeune – en instance de béatification ! – qui tentent aussi d’en supprimer le droit.

 

N.B. Les illustrations sont tirées (at parfois adaptées) de http://luis-viadel.blogspot.fr/

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 21:37

eglise espagne01De retour du Maroc, une halte de quelques jours dans un hôtel, propriétés de deux britiches. Un coup d’œil sur un journal destiné aux anglais installés dans le sud de l’Andalousie. Et je tombe sur cet article qui conte les malheurs d’un catho pratiquant. Or donc, ce professeur de l’Université de La Coruña, en visite chez son fils à côté de Madrid, ne rate pas la messe. Un peu estomaqué, le Professeur, d’entendre le prêtre accuser dans son sermon le gouvernement de Zapatero d’assassiner les enfants dans le ventre de leur mère et d’être plus Nazi que les Nazis hitlériens* ! Et de s’en prendre à la Ministre de la Santé qui veut tuer les vieux avec des injections létales (en fait un projet de loi pour le droit à la dignité de la mort, rien à voir donc avec le suicide assisté à la mode helvète). Pour avoir protesté – nous sommes à la messe pas à un meeting d’un parti politique – ce catholique a été viré de l’office par quatre paroissiens.

Bon, dira-t-on, un ratichon du style de l'abbé de Cacqueray, avec des bigots bornés (pléonasme). Quoique…

 

eglise espagne02Laïques « antidémocratiques et totalitaires »

Un agnostique ne peut être libre car la liberté, selon le manuel Philosophie et éducation, des éditions Casals, est consubstantielle avec la « transcendance », qui « en philosophie est appelée cause ultime, être suprême ou Dieu. » Et si l’État s’oriente dans une direction laïque, le manuel demande s’il faudra l’assumer. La réponse est « non, parce que la fin ultime de l’homme est d’ordre transcendantal. »

« Le christianisme exerce sa bienfaisante influence sur la société. » Et l’État doit l’assumer. Dans l’analyse des relations entre l’Église et l’État que le manuel offre dans ses pages finales les laïcistes sont traités d’ « antidémocratiques » et de « totalitaires ».

Et il prévient : « Selon une interprétation totalitaire qui a eu des échos dans divers secteurs de partis à tendance démocratique, il n’existerait pas de relations entre l’Église et l’État, mais une séparation totale entre les deux. » Une semblable interprétation engendrerait, selon les auteurs du livre, « que la religion soit reléguée à une dimension marginale et privée. » Et alors, il ne faudrait pas s’embarrasser de demi-mesures : « Face à cette interprétation antidémocratique contraire aux droits de l’homme, les citoyens peuvent et doivent mettre en pratique tous les moyens légitimes d’autodéfense que l’État démocratique de droit met à leur disposition pour empêcher que ne soient lésés leurs droits et leurs libertés. » (traduction de B. S. Professeur d'Université émérite)

 

 

Ce n’est plus un article d’une feuille de chou pour immigrés anglo-saxons, mais un encadré, illustrant un article d’El Païs (22 Mai 2011), intitulé « Darwin y el Gobierno no son de fiar » (On ne peut se fier ni à Darwin, ni au gouvernement).

 

En 2005, le gouvernement socialiste, malgré une manifestation massive, évêques en tête, soutenue par Rajoy et le Parti Populaire (PP droite, héritier du franquisme), avait décidé l’abandon des cours de religion obligatoires à l’école publique. Il avait ensuite introduit une « Education pour la citoyenneté », portant sur les droits de l’homme et les valeurs qui fondent la Constitution et la législation, expliquant ce qu’est l’homophobie… Faut-il dire que l’épiscopat a estimé que c’était un empiètement insupportable sur le domaine moral, dont il revendique l’exclusivité, et que le PP a dénoncé la mise en place d’un « catéchisme socialiste » !

 eglise espagne Protesta partidos conservadores

N’ayant pu bloquer cette réforme, l’église espagnole a mené le combat sur un autre plan. Le manuel le plus utilisé en cours d’Éducation à la citoyenneté met en question les théories de Darwin sur l’évolution, revendique la création du statut de l’embryon – qui rejette l’avortement dès l’instant même de la conception – et la philosophie qui interprète le monde sans la foi chrétienne. Il appelle aussi à la rébellion civique si l’Espagne avançait vers un état laïc et considère impossible d’être « patriote » sans « aimer, outre le territoire, la religion ».

 

S’agissant de Darwin, ce manuel reste très en deça de positions exprimées par Jean-Paul II. Un siècle et demi après la publication de L’origine des espèces par Darwin, le pape polonais a admis que « de nouvelles connaissances conduisent à penser que la théorie de l’évolution est plus qu’une hypothèse. […] La convergence, aucunement cherchée ou provoquée, des résultats de travaux réalisés indépendamment les uns des autres, constitue en soi un argument significatif en faveur de cette théorie ». Le manuel, lui, affirme qu’« aucune théorie n’arrive à expliquer tout le processus de la formation des espèces » et que « en même temps qu’avancent les découvertes, des interrogations surgissent. On peut affirmer, sans l’ombre d’un doute, qu’en ce domaine de nouvelles découvertes et de nouvelles théories devront apparaître. » Et aussi : « Très peu des principes de l’évolution selon Darwin ont dépassé le stade de la recherche ; en fait, seuls demeurent intacts ceux qui restent en-dehors du domaine scientifique, c’est-à-dire, ceux qui ne sont pas démontrables par l’expérience. »

 

Dans la question IX, « Les fondements de l’action morale », l’interruption de grossesse – devenue un droit de la femme en 2010 et non plus seulement dépénalisé - est présentée comme paradigme de la « réduction de l’éthique à un relativisme irrationnel. » On y demande : « La question scientifico-éthique première et décisive qu’il faut aborder est celle du statut de l’embryon. La vie embryonnaire est-elle seulement un bien qu’il faut protéger ou un droit inviolable de l’être humain déjà conçu ? »

Le manuel termine sa prolixe exposition de la doctrine catholique contre l’avortement avec la considération selon laquelle « la vie de l’individu développé n’est autre que celle de ce même être lorsqu’il se trouve à l’état embryonnaire. »

 

« Philosophie et citoyenneté » est le titre que la matière reçoit dans le dernier parcours de l’enseignement pré-universitaire. Le décret des contenus minima en 2007 répartit cette matière en trois blocs : histoire de la philosophie, l’être humain en tant que personne individuelle et sociale, et la relation entre philosophie et politique. Face à deux manifestations massives, lancées par l’église, appuyées par Aznar et le PP, la seule voie trouvée par le Gouvernement pour garantir la paix dans les établissements scolaires a été d’autoriser des manuels élaborés au goût de chaque courant de pensée, bien que cela ait eu pour conséquence de dénaturer la matière. Le syndicat patronal des établissements sous contrat d’association – ceux qui sont régentés par les catholiques et payés avec des fonds du Budget général de l’État – a exigé pour ne pas se joindre à la campagne belliqueuse contre le Gouvernement que « la vie des saints », selon les paroles des responsables de la FERE (Fédération religieuse des religieux de l’enseignement), inspire la matière. Ainsi, saint Thomas d’Aquin, saint Augustin et la doctrine des papes se sont convertis en fils conducteurs de « la libre interprétation du monde actuel » et de la « formation de citoyens autonomes et critiques ».

 

Depuis lors, dans les salles de cours en Espagne on étudie avec des manuels qui vont à l’encontre de quelques lois, comme celle de l’IVG – qui dans les manuels des éditions Casals pour le primaire est comparée à l’Holocauste – et contre la loi qui permet le mariage gay. Le Gouvernement ne les pas remis en question. Les plus conservateurs ont fait un pas de plus et dans le manuel destiné aux adolescents du secondaire on affirme carrément que Dieu existe, ainsi que saint Thomas d’Aquin l’a prouvé : par le mouvement, causalité efficiente, la contingence, la gradation des perfections et la finalité. Deux penseurs, Marx et Nietzsche, nient son existence « mais ils conservent l’idée du divin », parce que, « comme le démontre l’Illustration, l’homme ne peut être maître de son destin si Dieu n’existe pas. »

 

Notre ratichon n’est donc pas un intégriste isolé, puisque un manuel scolaire ose une comparaison indigne entre IVG et Holocauste. COPE, la radio conservatrice de l'épiscopat espagnol, insulte les institutions autonomes, diffame le gouvernement socialiste, en appelle au leadership du Parti populaire. Ainsi Federico Jimenez Losantos, un de ses journalistes vedettes répète depuis des années que les attentats islamistes de Madrid (dont les auteurs ont été condamnés) dans les trains, le 11 mars 2004 (190 morts plus de 1 200 blessés), sont le résultat d'un complot mené par les socialistes espagnols et une partie de l'appareil d'état. Ces émissions suscitent même les réserves du nonce, taxé de franc-maçon pour ne pas soutenir cette salutaire conspiration !

Cette église de la Reconquista, celle des conversions forcées puis des persécutions des marranes et des morisques (des juifs et des musulmans), celle qui soutint la rebellion franquiste et devint un pilier de cette dictature, «religion d’État », dans un régime franquiste qualifié de « national-catholicisme », complice de ses méfaits, n’a pas admis de ne plus exercer son contrôle social quasi totalitaire sur la vie privée et publique. La “movida” fut une brève embellie.

L’église espagnole est un précipité de cléricalisme, cette volonté de subordonner l'autorité temporelle à l'autorité ecclésiastique, à baptiser “lois naturelles”, ce qui n’est que préceptes religieux, pour les imposer à tous, à vouloir bannir la laïcité.

 

Eglise hispanique caricaturale ? ou dans la ligne très « contre-réforme » de Jean-Paul II. L’indulgence plénière dont le pape polonais a fait preuve à l’égard du père (ô combien) Maciel n’était-elle pas due à ce qu’il apportait ses « légionnaires du Christ » pour renforcer l’Opus Déi, plus élitiste. Et le voile pudique jeté, avec la complicité du Cardinal Rastinger, sur les affaires de pédophilie, n’avait-elle pas pour motivation la volonté de ne pas affaiblir cette église de combat ? Outre d’un exorciste, Rome s’accommode d’un évêque antisémite. La papauté soutient un Cardinal Brésilien qui excommunie une fillette de 9 ans violée, pour avortement. Et continue de mettre la capote à l'index !

JP2 a expurgé de son clergé des prélats restés dans l’esprit de Vatican II. Benoît seize est sur la même ligne : il soutient Cattenoz, archevêque d’Avignon, contre ses paroissiens qu’insupporte son autoritarisme, qu’ils croyaient d’un autre âge. Plus discret, l’évêque de Luçon, pas plus que son collègue de la cité des papes, ne cache son attirance pour la droite extrême. Et l’église de France ne résiste pas à la tentation de profiter des propos imbéciles du Chanoine de Latran.

 

L’anti-cléricalisme, au sens propre, est encore d’actualité !

 

* Paco Llorens, el párroco de las localidades de Quart de Les Valls, Quartell y Benavites -en la comarca valenciana del Camp de Morvedre-, que el pasado 2 de febrero 2014 publicaba en su cuenta de Twitter ( @LlorensVidal): "Hitler mataba niños mal formados, hoy el @PSOE sigue promoviendo dicha ideología #noalaborto @hazteoir". (http://luis-viadel.blogspot.fr/2014/02/otro-cura-dejado-de-la-mano-de-dios.html#more)

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