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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 19:57
Intermède militaire insolite à Ceuta

C’était le 22 mai. Quasi sous le balcon de notre chambre à ‘La Muralla’, Ceuta, deux cars s’arrêtent d’où surgissent une palanquée de troufions…

 

Comme les années précédentes, avant de rejoindre Azrou, pour le traditionnel rendez-vous de l’AAA,  une halte à Ceuta, enclave espagnole au Maroc. Un peu comme Gibraltar en Espagne, mais d’implantation plus ancienne.

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Départ d’Algéciras qui tente de faire concurrence au nouveau port de Tanger-Med en face pour le trafic des containers.

Intermède militaire insolite à Ceuta
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Passage devant Gibraltar qui, depuis, plus de trois siècles est entre les mains de la perfide Albion, avec des crises régulières avec l’Espagne. Récemment sur des problèmes de zones de pêches. Mais, en représailles, le quasi blocage du passage avait surtout nui aux salariés espagnols du rocher (et secondairement aux restaurateurs du coin privés de la clientèle aisée gibraltarienne).

Intermède militaire insolite à Ceuta

L’arrivée à Ceuta, enclave espagnole au Maroc, comme Melilla, depuis presque six siècles, est marquée par le Monte Hacho.

 

Vu du balcon (ciquer pour faire défiler)
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La Muralla’ a généreusement offert à ses vieux clients un chambre avec un balcon offrant une vue à près de 250°, vers la côte marocaine, le large, la cathédrale, la Plaza et même, en se penchant un peu, vers le port de Plaisance.

Intermède militaire insolite à Ceuta

Le motif essentiel de cette étape est de se fournir en ‘halouf’, c’est-à-dire en chorizo, lomo, jamon, etc.  indispensables pour les traditionnelles réunions de travail du groupe, le soir.

 

C’est de retour de l’excellente Boutique del Jamón, qu’apparurent nos piou-pious en bels uniformes. Deux beaux cars les ont déversés sur le trottoir et sur le parvis de la cathédrale. Ils ont bien du glandouiller pendant une heure. A tel point que l’un d’eux, apercevant le photographe au-dessus a appelé ses potes à prendre la pose. Puis les rangs se sont formés, musique en tête. La troupe s’est ébranlée pour… parcourir quelques mètres et s’aligner devant le Centre de commandement de la Ciudad Autónoma de Ceuta dont les occupants s’étaient aussi alignés de l’autre côté. Musique. Deux troupiers déguisés en soldats du XVIIIe siècle ont porté une couronne au pied de canons anciens. Une partie des musiciens s’est mis en retrait, tandis que le reste, tambours en tête a fait un petit tour vers le port, avant de revenir et de regagner les cars. Les huiles, civiles et militaires, avec leurs dames ponponnées, se sont alors dirigées vers le Parador, pour un vin d’honneur.

Cliquet sur le haut-parleur (en bas à droite) pouravoir du son

Quel événement patriotique a été célébré ce 22 mai ? La question posée à une personne du maigre public n’a reçu qu’une vague réponse. Dans ce qui fut un haut lieu de la Légion étrangère – et qui dans une plaque commémorative rend hommage à José Millán-Astray, son fondateur – on pouvait craindre que cette mystérieuse commémoration ait un relent de franquisme. Mais les deux déguisés laissent à penser à une célébration d’un fait plus ancien. Peut-être la résistance de la ville face aux Anglais, alors que Gibraltar, en face, tombait sous leur coupe ?

Intermède militaire insolite à Ceuta
Intermède militaire insolite à Ceuta

Au retour, deux surprises.

 

La douane Marocaine s’est nettement améliorée : on ne descend plus de voiture pour faire viser et l’ex-papier vert du véhicule (devenu une série de coupons sortis de l’imprimante) et les passeports. Sauf que... une blonde Belge, sortant d’un véhicule immatriculé CD – sans doute une habituée de sauts à Ceuta mais n’ayant pas compris que la règle avait changé – a été faire la queue à l’ancien guichet des passeports qui ne vise plus que ceux des piétons. La fameuse théorie qui veut que ce soit la file dans laquelle on se met qui n’avance pas s’est donc confirmée, puisque le mari attendait le retour de sa blonde.

La douane espagnole, elle, vire à la connerie. Après donc avoir franchi, derrière le belge, le poste marocain, un STOP au sol, à la douane ibérique, marqué comme il se doit. Un des deux douaniers fait un signe décontracté de la main, lu comme une invite à aller voir plus loin un policier qui jette un vague coup d’œil sur les passeports. Que nenni ! le toit est martelé du poing par le deuxième douanier au visage déformé par la colère et qui profère des choses des moins aimables dans sa langue vernaculaire. Toute la morgue haineuse que le port de l’uniforme donne aux bas de plafond.

La côte Marocaine et Gibraltar (retour)
La côte Marocaine et Gibraltar (retour)
La côte Marocaine et Gibraltar (retour)

La côte Marocaine et Gibraltar (retour)

Ceuta est-elle vraiment espagnole ?

 

On peut en douter car cette engeance douanière sévit et à l’entrée du port et encore à la sortie de celui d’Algeciras ! Ainsi un jeune artisan avec son véhicule utilitaire a eu droit à un chien renifleur à l’avant, sur les sièges arriére et dans le coffre quasi vide ; puis, alors qu’il s’apprêtait à repartir, un autre s’est mis à taper la tôle avec le manche d’un tournevis ; cinq douaniers du coup se sont mobilisés : faisant ouvrir le capot du moteur, se glissant sous le véhicule, sondant les garnitures intérieures, tout cela avec des visages hargneux. Et, à l’arrivé, le même, eut droit à la même comédie, un peu écourtée cependant.  Certes les douanes, en  Fance aussi, peuvent intervenir sur l’ensemble du territoire, mais de manière aléatoire (et aussi sur renseignements).

Tandis que là ce sont trois postes fixes de douane successifs.

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 13:45

a1 05-08 perso ceuta11Longtemps, très longtemps, Ceuta-Sebta ne fut pour nous qu’un point de passage vers le Maroc et, au retour, vers l’Espagne. Un point de passage souvent très désagréable : jusqu’à cinq heures d’attente bloqués au milieu de files de voitures alors que les formalités, à l’exception du coup de craie final sur le pare-brise, étaient faites. Ou valises  entièrement  vidées – et pas remises en ordre – à la chasse de francs clandestins (à l’époque le change était contingenté).

05-08 perso ceuta05Une seule fois, arrivé dans la soirée, complètement ensuqués – avec en prime une crevaison en plein cagnard – après avoir erré à la recherche d’un hôtel recommandé par Michelin ou je ne sais quel guide, nous avions échoué dans un hôtel flambant neuf, La Muralla, où un bagagiste vidait la R8 et un voiturier me demandait la clé pour aller la garer au parking de l’hôtel. Une bonne douche, puis un petit tour en ville, retour et redouche avant le dîner à l’heure espagnole bien sûr : surprise, les draps de bain avaient été changés ; retour de dîner, un nouveau changement ! Et à un prix dérisoire : à cette époque, les nouveaux hôtels passaient une année de purgatoire à un niveau assez bas, avant d’obtenir un classement définitif.

 

Ceuta, comme Melilla, avec quelques bouts de rocher (peñon) et des îles minuscules, sont les derniers confettis d’empire de l’Espagne, après qu’elle a restitué Ifni, puis quitté le Sahara dit espagnol, chassé par « La marche verte », habilement lancée par Hassan II. Un Hassan II qui, ironiquement, appuyait la revendication espagnole de restitution du rocher de Gibraltar, sous la coupe britiche.

 

Fondée par les phéniciens, Ceuta a longtemps été rattachée à l’Espagne… musulmane (sauf quand les dynasties des almoravides puis des almohades s’emparaient d’Al Andalous). Cependant, elle tombe entre les mains des Portugais dès 1415, avant de revenir à l’Espagne (chrétienne du coup) en 1640. Longtemps, comme Melilla d’ailleurs, bagne et garnison, la population civile n’étant là que pour les besoins des deux autres, elle a ensuite traînée une sale réputation de franquisme, considérée comme le berceau de la rébellion antirépublicaine. Les incidents violents liés aux tentatives d’immigration n’ont pas contribué à améliorer son image de ville de tous les trafics.

 

Il est vrai qu’à Ceuta, le sabre et le goupillon restent présents. La place, sur laquelle donne La Muralla – devenu Parador, mais sans bagagiste, avec un parking souvent surpeuplé et un accueil parfois limite, mais… le moins cher de tous les paradores – on donne sur la cathédrale, une église, et le commandement général orné de beaux canons. La légion étrangère, fer de lance des troupes africaines de Franco, est honorée d’une statue de légionnaire, accompagné d’un bouc avec un calot militaire (bouc avec qui il devait partager la saillie des chèvres). La ville même est parsemée de mosaïques à la gloire de la religion. Cependant la statuaire est d’inspiration plus antique, avec notamment Hercule et ses colonnes. Ville qui, malgré des tentatives de post-modernité, a une architecture de centre ville assez typique des années 60.

 

Ceuta A Lopez MaireMais Ceuta a fait son aggiornamento. La statue d’un Maire socialiste, Antonio Lopez Sanchez Prado, exécuté par les franquistes, est devant la mairie. Le cimetière a été orné d’un monument à la mémoire de tous ceux qui ont partagé le sort de ce maire et ont été jetés dans une fosse commune et leurs noms sont gravés sur le mur. C’est une ville multiculturelle, avec bien sûr des chrétiens qui ont peut-être un peu moins déserté leurs églises que de l’autre côté du détroit, mais aussi des juifs, même si leur communauté a beaucoup perdu de son importance, des hindous venus de … Gibraltar (et des Chinois qui s’implantent). Mais la communauté la plus importante, sans doute proche de 50%, est la communauté musulmane.

 

De quoi vit Ceuta est un mystère. Certes le port connaît en juillet août un trafic intense, mais avec une main d’œuvre réduite au maximum, puisque la « marchandise » - voitures, camionnettes, camions, motos… - se décharge toute seule. Pour le reste, le port accueille quelques rares petits cargos. Bien que dispensées de taxes, les stations services vendent leur pétrole plus cher qu’au Maroc. « El Corte Ingles » a une espèce de solderies de vêtements et chaussures, où des femmes marocaines emplissent de volumineux ballots de toile qui doivent alimenter l’économie atypique, c’est-à-dire la contrebande. Mais cela suffit-il à faire vivre une ville de 70 000 habitants, même si des résidents étrangers du Maroc – et peut-être aussi des Marocains – viennent s’y approvisionner en charcuteries, vins et alcools. Des espagnols continentaux viennent-ils aussi profiter des détaxes (y compris la TVA) ? Mais le statut particulier de Ceuta, bien qu’appartenant à la communauté européenne, a maintenu la douane à Algeciras.

 

Ceuta, comme Gibraltar d’ailleurs, est un anachronisme, sorte de butte témoin d’un passé révolu.

Certes, la légion étrangère n’y a plus qu’un musée, la catholicité, si elle témoigne de sa présence en terre mauresque, ne nourrit plus depuis longtemps l’espoir d’une conquista des terres infidèles. Mais la découverte de cette ville – où on doit s’emmerder à mourir quand on y vit à l’année, d’ailleurs – offre au touriste qui s’y attarde un peu un charme rétro qui mériterait peut-être d’être conservé.

 

Pour compléter :

 

Un album

 

Un site+blog d’Yves Zurlo  http://ceutamelilla.pagesperso-orange.fr/

 

Une assez étrange page d’un collectif de photographes d’inspiration Bergeronnesque, « Du grain à moudre », qui se déroule horizontalement, avec quelques textes (sans doute d’Yves Zurlo) et beaucoup de photos, mais qui gagneraient à être légendées  http://www.dugrainamoudre.net/ceuta/ceuta.html

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